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Les Anges des Récollets
Les Anges des Récollets
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8 mars 2006

Chronique récolletienne

La défense du site Villemin-Récollets a connu trois grandes vagues successives depuis 1973 et concerne le devenir des abords de la gare de l'Est -l'un des premiers pôles ferroviaires mondiaux, lié la gare du nord- jusqu'au bord du canal Saint-Martin, cadre du film "Hôtel du nord" (également sauvé de la destruction par une mobilisation de quartier) et destiné à terme à être rendu à la promenade (espace piéton). La première de ces "vagues", notamment emmenée par Alain Lhostis et Jean Marendon, soutenue par les écologistes bientôt rassemblés sous la couleur verte, était parvenue à maintenir le statu quo sur la parcelle autrefois dévolue aux moines Récollets ; cela jusqu'en 1991 où tout espoir semblait perdu. Les deux suivantes peuvent être mises au crédit des Anges des Récollets. De juillet à janvier 1992, ceux-ci rassemblèrent les artistes et les personnalités à l'intérieur du site et en ont fait un carrefour incontournable pour la création à Paris. Le but, aujourd'hui partiellement atteint, était la mise en place d'un site artistique et scientifique pour un débat à vocations sociale et écologique. Les liaisons culturelles et scientifiques y étaient vues sous l'angle humanitaire, ainsi chaque jour plus de cent repas étaient offerts. Les associations telles que Droit au logement ou le Gisti étaient mobilisées pour traîter les situations difficiles. Mais ce travail s'effectuait principalement dans le contexte d'une reflexion active sur l'urbanisme et l'environnement, afin de dépasser le stricte cadre de l'urgence; ainsi plus de deux cent collectifs de quartier et de patrimoine avaient pris l'habitude de s'y réunir et des Etats Généraux de l'urbanisme et de logement furent organisés. Le soutien le plus notable, grâce à Laure Adler, était, à ce moment, le président Mitterrand. Mais Paul Quiles alors ministre de l'équipement avait pris d'autres dispositions plus prècises quant à une explulsion rapide. Jack Lang tenta de s'interposer sans succès. Un incendie criminel allumé alors qu'un grand nombre de responsables du squat était absent permis l'évacuation par la force. La police détruit alors volontairement les milliers d'oeuvres d'arts de la cinquantaine d'ateliers permanents et des cent cinquante autres temporaires. Les affaires de valeurs seront volées. Le tout jamais remboursé. Des sommes considérables furent demandées aux Anges au contraire pour continuer l'instruction de la plainte concernant l'incendie. L'Etat, sommé par les associations de porter plainte conjointement le fit...pendant un semaine...et la retira. Les Anges ne pouvaient plus payer et l'affaire fut classée sans suite. Un campement fut installé pendant trois mois sur la place du 8 mai 1945. bientôt lui aussi évacué. Les Anges reviennent en 1996, après que le couvent cessa d'être vigilisé. Cepandant l'essentiel était inutilisable en raison des murages intérieurs et des saccages ultèrieurs à l'occupation des squatters. Aussi c'est dans les jardins que furent organisées les rencontres culturelles sous l'impusion de Guillaume Pinet ("comme à la maison"). Après cette nouvelle mobilisation et sous l'égide du philosophe Jean-Pierre Faye, aidé jusqu'à leurs disparitions par félix Guattari et Gilles Deleuze, le projet des anges des Récollets avait fini par payer : Jean Tibéri contraint d'abandonner l'idée de vente du jardin et l'Etat reculant devant la cession du monument. Une figure notamment avait marqué cette lutte et sans doute assuré ce succès, celle du fondateur du centre Pompidou, président du projet de Cité Européenne (des Anges des Récollets) : Monsieur Robert Bordaz. Après déliverance d'une autorisation d'Etat, ce qui pour un squat est assez exceptionnel (1998), une décision de sauvetage fut emportée et un appel d'offre lancé. La décision finale attribue la gestion à la RIVP. Une partie est confiée pour 46 ans à l'Ordre des Architectes . 200 m2 sont confiés pour neuf années à la Cité Européenne (les "Anges" initiateurs toutefois remplacés sur demande de la mairie du dixième, ceux-là même qui avaient été chercher les artistes lorsqu'ils étaient "simples associatifs" et pas encore édiles). Le choix n'est qu'en partie une victoire : d'un côté, le jardin et le monument subsistent. De l'autre, il n'y est plus question ni d'Europe, ni de proximité, ni de dialogue des arts et des sciences, ni de gestion par les créatifs de leur outil culturel. Le couvent actuel est une approximation comme la société est approximative. Les moyens ne manquent pas en France mais la mise en réseaux -celle qui a particulièrement manquée lors de la canicule de 2003, celle qui fait cruellement défaut en banlieue et dans les quartiers, celle que suppose le traîtement de la crise environnementale- demande le mnimum de fraternité et la reconnaissance que l'Ethique est une dimension additionnelle à l'espace-temps.
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