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Les Anges des Récollets
Les Anges des Récollets
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10 mars 2006

OUBLI VOLONTAIRE DU JOURNAL L'HUMANITÉ (2004) DE LA SECONDE OCCUPATION DES ANGES AU JARDIN DES RECOLLETS (1996 / 1999)

L'HUMANITÉ 2004 Politique culturelle. Des anges reconvertis À Paris, l’ancien couvent des Récollets, après dix ans d’incertitudes, renaît en centre d’accueil de chercheurs et artistes du monde entier. Mettre les artistes au couvent, après les mousquetaires, pourquoi pas ? Et puis aussi les chercheurs, les scientifiques. C’est en cours à Paris, en un ancien couvent de récollets, moines mendiants ayant fait vou de pauvreté et se livrant pour l’essentiel à la méditation et à la contemplation. L’immense bâtisse, toute proche de la gare de l’Est et construite à partir de 1603, fut en effet jusqu’à la Révolution française la propriété de ces franciscains réformés. C’était alors aux limites de la capitale un ensemble campagnard. Transformé en caserne, un temps filature, il sera ensuite un hospice de vieillards, puis un hospice pour incurables, puis sur décision de Napoléon III, un hôpital des armées. L’hôpital militaire Villemin fonctionnera pendant plus cent ans, de 1860 à 1868. Les bâtiments sont récupérés en 1970 par le ministère de l’Environnement et accueillent jusqu’en 1990 l’unité pédagogique d’architecture de Paris-Villemin. Les Anges des Récollets, un collectif d’artistes, le squattent pendant deux ans. Ils sont expulsés par la police en février 1992, mais par le plus grand des hasards le bâtiment est ravagé par un incendie quelques jours plus tard. À l’abandon, ouvert aux éléments, hanté par les fantômes, occupé de nouveau à plusieurs reprises et grignoté par le temps, il devient un vrai problème dans le 10e arrondissement. Que faire des Récollets, ou comment s’en débarrasser, sinon les rentabiliser ? Il faudra un peu plus de dix années pour lui trouver une nouvelle vocation. C’est chose faite et le bâtiment réhabilité a été inauguré la semaine passée par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avec un discours, lu par le préfet de région, du ministre de la Culture qui s’était décommandé au dernier moment sans explications : la cinquantaine de manifestants de la recherche présents devant l’entrée ? Dénommé désormais Centre international d’accueil et d’échanges à vocation scientifique et culturelle (il faudra faire plus simple), le bâtiment, sur près de 7 000 mètres carrés, est donc devenu un lieu qui se veut une vocation européenne et mondiale en mettant à la disposition d’artistes, de chercheurs et d’universitaires du monde entier, pour la durée de leurs travaux à Paris, 88 logements, 12 ateliers et 55 cellules - normal, dans un ancien couvent... - pouvant être logements ou ateliers logements. Le bâtiment abrite également, indépendant du reste, l’ordre des architectes d’Île-de-France. Les ouvres laissées par le squat des Anges ayant été, pour un certain nombre, conservées. Nouveau départ donc. Mais ce n’est pas sans interrogations. Pour certains, tel un conseiller (Verts) de l’arrondissement, l’arrivée prévue du TGV en gare de l’Est dans quelques années pourrait bien augurer d’un changement de destination : hôtels et bureaux. Car la reconversion des Récollets n’a pas emprunté le cours d’un long fleuve tranquille. Elle a été l’enjeu d’une véritable mobilisation, autour d’un collectif d’associations animé par le philosophe Jean-Pierre Faye, soutenu par diverses personnalités, avec l’ambition d’y créer une cité européenne de la culture. Une mobilisation touchant également le devenir du jardin Villemin, jouxtant l’ancien couvent et qu’un projet immobilier envisageait d’amputer. Les communistes parisiens avec Alain Lhostis, désormais adjoint au maire de Paris, sont engagés. En septembre 1997, Jean-Claude Gayssot, alors ministre des Transports et de l’Équipement, charge l’architecte Antoine Grumbach d’un rapport sur le devenir de cet espace. Rien n’est encore réglé, et surtout pas les financements, mais c’est un déblocage. L’architecte consulte et remet ses conclusions : réhabilitation, affirmation d’une vocation culturelle, ouverture au public en tout ou partie. En 1999 le ministère, avec l’appui d’un comité de pilotage composé de représentants d’autres ministères, de la ville de Paris, de la région et des milieux associatifs, va donc prendre la décision de vouer le bâtiment à l’accueil de chercheurs et d’artistes. Dans le même temps il accueillera aussi une association d’animation culturelle ayant la tâche de dynamiser les relations entre le centre et son environnement dans le 10e arrondissement. La maîtrise de l’ouvrage est confiée à la régie immobilière de la ville de Paris, de même que sa gestion pour les cinquante années à venir. Près d’une trentaine d’associations, établissements scientifiques et artistiques sont par ailleurs impliqués. C’est peut-être une garantie pour que cette nouvelle vocation ne soit pas transitoire. Maurice Ulrich
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